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L’infobésité ou l’urgence de maîtriser la validité de l’information

23 juillet 2012

Les accélérations et amplifications du passage au numérique, surtout depuis les années 2000  où la convergence se fait sur le web 2.0, ont pénétré dans toutes les activités, scolaires et non-scolaires. Elles confirment deux tendances paradigmatiques fortes de la « société de l’information » : le passage d’une économie de consommation à une économie de participation, avec l’organisation culturelle et sociale y afférant ; la validation de l’information comme matière première de cette nouvelle « culture de l’Information ». L’agenda numérique de l’Union européenne prévoit que 90% des activités et emplois du futur, notamment ceux liés à l’innovation, passeront par des écrans et des réseaux à l’horizon 2025. L’employabilité des jeunes issus de l’école dépend donc de compétences anciennes et nouvelles, à développer autour de l’information et de la gestion de son flux continu. On ne naît pas infobèse on le devient, si on ne fait pas attention.

Dans ce contexte, l’enjeu est de comprendre le nouveau rôle de l’usager dans la validation de l’information. La maîtrise de l’information devient un enjeu majeur, pour tous les secteurs : public (état), privé (entreprises) et civique (société civile et citoyens). La preuve en est le succès du terme « éducation aux médias » ou encore « éducation à l’information », qui, depuis 2005, font l’objet de directives européennes, de recommandations du Conseil de l’Europe, d’offres de curriculum de l’UNESCO… Dans la société de l’information, la maîtrise de la matière première est une condition de succès (personnel, économique, social et culturel). Du coup, la nature et la qualité de cette information deviennent essentielles à évaluer. Les enjeux de cette culture de l’information relèvent donc de stratégies de fiabilité, de crédibilité, de pertinence des sources, d’évaluation des informations, que celles-ci soient d’ordre technique, spécialisé ou généraliste, qu’elles relèvent du code, de l’actualité ou du document.

Ces enjeux et stratégies deviennent d’autant plus cruciaux à maîtriser que c’est désormais l’usager qui est en position d’autorité et de responsabilité par rapport à l’information qu’il produit, retraite, mixe, diffuse et recense. L’ère numérique confère à l’usager des capacités et des stratégies lui permettant de contrôler toute la chaîne de l’information, de sa production à sa mise en ligne pour diffusion. L’éditorialisation de l’information s’organise à partir de réseaux, de machines à communiquer et programmes où les « documents » acquièrent une plasticité radicalement originale  car ils sont sécables, transportables, mixables mais du coup aussi falsifiables.

D’où l’importance d’une formation complète au traitement de cette matière première, que ce soit par la sensibilisation (dans les petites classes) ou par l’approfondissement (en lycée), et par contrecoup, l’importance d’une formation pertinente des personnels rassemblés autour de l’usager-apprenant, l’éducateur, le professeur, tout comme le documentaliste.

Pour tenir compte de cette inversion et du besoin de formation y attenant, un nouveau concept est en émergence, celui de « translittératie », dont la définition se situe à deux niveaux, pour appréhender la complexité des modes d’interaction avec l’information désormais disponibles pour l’usager :

1/ l’agencement multi-médias qui impose d’être capable de lire, écrire, compter et computer avec tous les outils à disposition (de l’écrit à l’image, du livre au blog) ;

2/ la maîtrise multi-domaines qui exige d’être capable de chercher, évaluer, tester, valider, modifier l’information selon ses contextes d’usage pertinents (le code, l’actualité, le document…)

 

En lire plus : Divina Frau-Meigs, « Prendre la mesure de la radicalité de la culture de l’information à l’ère cybériste », e-dossier de l’audiovisuel INA, 2012. 

Penser la société de l’écran

4 avril 2011

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